samedi 12 décembre 2009

Téléphonoscope n°16 - Jules Verne & Albert Robida

Jules Verne & Albert Robida

(40 pages) 52 illustrations.

1- Editorial, par Jean-Claude Viche.
2- Robida voyageur dans le temps, Verne explorateur passionné de l'espace, par Dominique Lacaze.
3- Saturnin Farandoul, parodie de Jules Verne et source d'inspiration.
4- Où Hetzel et Verne s'inquiètent de la parution de Saturnin Farandoul.
5- Albert Robida et les Verne, père et fils, par Daniel Compère.
6- La journée d'un journaliste américain, un copiage de Robida, par Jean-Claude Viche.
7- Quand Robida illustre Jules Verne.
8- Un autre Jules Verne : Paris au XXe siècle, par Dominique Lacaze.
9- Verne et Robida dans l'aventure de l'automobile, par Jean-Claude Viche.
10- L'île à hélice, fiction ou réalité, par Philippe Burgaud.

Bulletin des amis d'Albert Robida
Novembre 2009 - numéro 16

Auteurs : Philippe Burgaud, Daniel Compère, Dominique Lacaze, Jean-Claude Viche.

Ce seizième Téléphonoscope est dédié à nos amis Claude Rebeyrat et Jean Robida qui viennent de nous quitter. Un ultime hommage leur est rendu à la fin du présent Bulletin.

Le thème choisi pour ce numéro est celui d’une confrontation « amicale » entre les oeuvres de Jules Verne et d’Albert Robida. Sur le thème de l’anticipation, les meilleurs experts, par exemple Versins, Van Herp ou Lacassin, privilégient largement Robida. Mais la postérité a consacré la renommée de Jules Verne (1828-1905) au point d’en faire, avec Wells, le précurseur de la Science-fiction.
Outre les très nombreuses rééditions de ses ouvrages, le nom de Jules Verne est associé à d’innombrables produits dérivés. Il est devenu une icône, une « marque ». Le fait initiateur de l’épopée vernienne est la rencontre, en 1862, de Jules Verne avec l’homme de lettres et grand éditeur Pierre-Jules Hetzel. Celui-ci a le projet ambitieux tout à la fois d’intéresser et d’instruire le public jeune par des romans combinant aventures et science.
Il pressent en Jules Verne le romancier capable de mener son projet à bien. Il teste avec lui son concept de « roman scientifique » par plusieurs ouvrages remarquablement illustrés par Riou et de Montaut. Leur succès immédiat auprès du public, en particulier celui de De la Terre à la lune détermine alors Hetzel à lancer pour le seul Jules Verne la série qui deviendra la « Collection Hetzel » des Voyages Extraordinaires : 47 volumes, 64 romans. Leur parution s’échelonnera régulièrement jusqu’en 1910 et sera reprise par les Edition Hachette. Les dons de conteur de Verne associés au sens du marketing d’Hetzel et à la puissance de sa maison d’édition vont en faire un formidable succès mondial. Hetzel assurera d‘ailleurs un « coaching » actif en intervenant sur les textes de Jules Verne. Les 64 romans de cette collection, comme l’analyse Dominique Lacaze dans le présent Bulletin, sont essentiellement des voyages dans l’espace terrestre, souterrain ou cosmique, situés pour la plupart à la fin du XIXe siècle mais comportant, pour 33 d’entre eux, des éléments d’anticipation, souvent sous forme de moyens de transport. Situés pour les plus célèbres en tête de la Collection, ceux-ci lui ont donné une coloration générale d’anticipation un peu usurpée, car ils ne mettent en scène aucun monde futur. L’Ile à Hélice étudiée ici par Philippe Burgaud constitue cependant une exception.

L’artiste dessinateur et auteur Albert Robida (1848-1926) n’a jamais joui en France, a fortiori à l’étranger, de la même renommée populaire que Jules Verne. Depuis les années 1870 jusqu’à la Première Guerre mondiale, la plume et le crayon de« Maître Robida » étaient néanmoins très connus des milieux intellectuels, littéraires et artistiques, voire de la jeunesse à travers son oeuvre multiforme et atypique. En début de carrière, dessinateur de presse, il s’intéresse aux romans de Verne mis au théâtre par d’Hennery comme « Michel Strogoff ou les malheurs d’un facteur russe » paru dans La Caricature dont il était rédacteur en chef. Et cet intérêt se manifeste de façon éclatante par la réalisation (texte et dessins) des Voyages très extraordinaires de Saturnin Farandoul… Cette parodie comporte des thèmes d’anticipation qui inspireront Jules Verne dans des ouvrages à venir et probablement Edgar Rice Burroughs himself. L’annonce de la parution de cet ouvrage inquiétera Hetzel et il s’ensuivra une correspondance entre Hetzel et Jules Verne reproduite dans le présent Bulletin.

Entre 1882 et 1892, Albert Robida publie (texte et dessins) sa grande trilogie de romans d’anticipation : Le Vingtième Siècle, La Guerre au Vingtième Siècle et La Vie électrique. Ces ouvrages constituent une fresque prémonitoire de la civilisation des années 1950. L’évolution sociale avec l’émancipation de la femme, la remise en cause de l’éducation traditionnelle, le caractère effréné du rythme de vie se combine avec les évolutions techniques engendrées par la fée électricité comme les transports à grande vitesse, l’usage intensif des « télés » : téléphone et télévision (« téléphonoscope ») et avec les dérapages inévitables de la pollution et de la guerre. Dans ces ouvrages, le texte et l’image se répondent et se complètent, donnant beaucoup de rythme à un récit imprégné d’humour. Cette trilogie sera suivie d’autres ouvrages où Robida fera évoluer de façon cohérente son voyage dans le temps.

Comme nous l’avons dit, Jules Verne ne décrit pas la société future, si l’on excepte Franceville (peut être due à Laurie), Blackland (où la part de Michel Verne doit être grande) et L’Ile à Hélice. Une nouvelle parue d’abord en anglais en 1889, publiée en français en 1910 sous le titre La Journée d’un Journaliste américain en 2889, contredit cependant cette disposition générale. Largement due à Michel Verne, elle est surtout un plagiat rapide du Vingtième Siècle de Robida paru six ans auparavant. Cette nouvelle et son contexte sont analysés sous des angles un peu différents par Daniel Compère et Jean-Claude Viche.

Un autre contre-exemple nous est parvenu tardivement puisqu’il fut miraculeusement retrouvé en 1994. Il s’agit de Paris au XXe Siècle, roman d’anticipation proposé par Jules Verne à Hetzel immédiatement après Cinq semaines en ballon, refusé par celui-ci car manquant de cohérence
et ne s’inscrivant pas dans son projet éditorial. Ce roman mérite cependant un déchiffrage approfondi que réalise Dominique Lacaze. Enfin Jean-Claude Viche analyse l’attitude de Robida et de Jules Verne face à une innovation majeure de la fin du XIXe siècle, l’automobile. Nous remercions les auteurs des articles du présent téléphonoscope ainsi que Jean-Pierre Desvaux qui a pris une part décisive dans sa réalisation. Nous espérons que vous réserverez un accueil favorable à ce numéro.

Nous terminerons par une note d’actualité en rappelant les manifestations initiées en 2009 à Compiègne par Eric Blanchegorge : la grande exposition maintenant terminée De Jadis à
demain. L’imaginaire du dessinateur Albert Robida (1848-1926), dont Sandrine Doré a assuré le Commissariat, et L’élégante des années 1880, dessins d’Albert Robida et tenues d’époque, exposition encore en cours organisée au Musée Vivenel par Claire Iselin, son nouveau conservateur. Nous en remercions tous les acteurs. Le but de notre Association n’est-il pas de faire entendre au plus grand nombre, par différentes voies, la petite musique d’Albert Robida, ce merveilleux « chroniqueur du futur… et du passé », comme l’a dénommé si justement Gérard Klein.
Jean-Claude Viche

Site Association des Amis d'Albert Robida : http://www.robida.info

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